mardi 3 juillet 2007

Gros plan sur le système Minc

Par Nina Perez, journaliste dans un quotidien national

Demain, des représentants des salariés du Monde rendront publique une lettre ouverte dans laquelle ils demandent à Alain Minc de partir. Ce conseiller pour entreprises du Cac40 et essayiste à succès tire les ficelles du journal depuis 1994. Jeudi dernier, il n’a pas été réélu au poste de président du Conseil de surveillance du groupe (il lui fallait 11 voix pour avoir la majorité absolue, il n’en a eu que dix). Son premier réflexe a été de contester le vote, comme Colombani l’avait fait quelques semaines plus tôt. Cependant, il n’a pas assisté à la nouvelle réunion du Conseil de surveillance de ce matin, qui a notamment élu en son sein Pierre Jeantet, le nouveau directeur de la rédaction.
Que prépare-t-il ? Un recours devant le tribunal, comme il l’a évoqué ? Un bon conseiller l'en dissuaderait. Un tel acharnement à rester dans un organe de presse, contre l’avis de la majorité des salariés et des journalistes, risquerait d’attirer l’attention sur le système Minc. Et de donner un nouveau coup de projecteur sur " Petits Conseils " (Stock), le livre de Laurent Mauduit. Son auteur a démissionné de son poste de chef du service économique du Monde après s’être fait censurer une enquête sur les Caisses d’épargne. Par la suite, il a découvert que la banque était non seulement conseillée par Alain Minc, mais qu’elle avait été invitée à renflouer les caisses du Monde.
Ce n’est que l’un des nombreux exemples de conflits d’intérêts détaillés dans le livre. Dans les projets de fusions (souvent fumeux) qu’il tente de provoquer, Minc peut conseiller, sans vergogne, à la fois le prédateur, la proie, voire le « chevalier blanc ». De nombreux patrons, qui se sont sentis trahis par leur conseiller, ont confié leur déboires à Mauduit. On y apprend aussi que Minc touche 1% des plus-values que réalise Vincent Bolloré, patrons de médias concurrents (Direct 8, Direct Soir) ou … commun (Matin plus) ! Mais aussi qu’il conseillait Edouard Rothschild lorsqu’on évoquait la disparition possible de Libération si les journalistes n’acceptaient pas le plan social et la renonciation à une partie de leurs droits de véto.
Portrait peu reluisant. Mais ce qui a fait déborder la goutte du vase pour les journalistes du Monde est l’amitié affichée de Minc pour Nicolas Sarkozy. Qu’il se vante même de conseiller. Son ami lui trouvera peut-être une place dans une grande entreprise (mais il n’a jamais brillé en tant que gestionnaire) ou dans un ministère. Un poste qui offrirait à Alain une porte de sortie honorable. Et à Nicolas, l’économie d’un énième procès sur l’indépendance discutable du système médiatique français. Des papiers commencent à paraître dans la presse internationale. La main invisible de Nicolas dans les médias offre une image peu flatteuse de la démocratie française.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un itw pas mal de Minc dans Rue89...http://www.rue89.com/2007/06/29/alain-minc-les-journalistes-tentent-un-pustch
Bravo pour votre jeune blog, auquel je m'abreuve régulièrement.