lundi 14 avril 2008

La colère n'a pas fini de monter dans les rédactions

La grève des journalistes du Monde n'est ni la première ni la dernière. C'est toute une profession, qui a aujourd'hui le couteau sous la gorge. Individualiste, habituée à être témoin et non acteur des événements, elle n'a pas senti l'étau de reserrer.
Les difficultés économiques, les plans sociaux, la folie des grandeurs de dirigeants sans vergogne, leurs salaires démesurément élevés, la précarisation, le stress, les lendemains incertains ... Tous les sujets, omniprésents dans les pages économiques des quotidiens, concernent désormais directement cette profession, qui n'est certes pas exempte, de critiques (certaine arrogance, connivence, déconnection des soucis des classes populaires, etc.)
Pour la première fois de leur histoire, les salariés du Monde ont donc fait grève aujourd'hui contre le projet de la direction de supprimer 130 emplois au quotidien, dont un quart à la rédaction (85 à 90 journalistes), ainsi que différents titres du groupe, comprenant les mythiques Cahiers du cinéma.
Les journalistes du Monde s'attendaient à des mesures drastiques pour redresser leur titre, confronté à sept exercices consécutifs de pertes et à un lourd endettement, mais ils refusent que les suppressions d'emplois se fassent, comme cela est envisagé, par des départs contraints et exigent l'abandon des projets de cession de magazines (Danser, Les Cahiers ...).
Ces titres n'avaient pas été demandés à être rachetés par Le Monde lors de la "course en avant" orchestrée par l'ex président du Conseil d'administration Alain Minc, l'un des conseillers de Sarkozy (On lui doit la télé publique sans pub ... et sans sous). Pas plus que les salariés du Monde n'avaient souhaité déménager dans les luxueux locaux du bd Blanqui, loués 8 millions d'euros par an.
Les journalistes s'interrogent sur les conséquences de ce plan sur la qualité du Monde, alors que, selon les syndicats, le projet éditorial de la direction "tient en trois phrases" autour du constat que le "lecteur urbain s'intéresse essentiellement à l'économie, à la géopolitique et à l'environnement".
La qualité est aussi au coeur des préoccupations des salariés du groupe catholique Bayard (La Croix, Le Pélerin, Okapi, Pomme d'Api, etc.), dont les effectifs sont passés en quelques mois de plus de 1000 à moins de 900. Plans sociaux et perspectives d'un déménagement à Montrouge (dans des locaux prévus pour à peine plus de 800 salariés) ont conduit à cette fonte des effectifs, " à charge de travail équivalente, et même supérieure, du fait des départs non remplacés et de ce qui est demandé en plus sur le net", précise une déléguée syndicale SNJ.

mercredi 2 avril 2008

L'information suspendue à la pub

A ceux qui ne jurent que par la gratuité, quelques chiffres à méditer.
Aux Etats-Unis, le marché publicitaire s'est fortement ralenti en 2007.
Selon, le « Newspaper association of America », les dépenses des annonceurs dans les journaux américains ont chuté de 9,4% en 2007, atteignant 44,2 milliards de dollars, contre 44,2 un an plus tôt. On parle, outre-Atlantique, de la plus importante baisse enregistrée dans le pays depuis 57 ans ...
Dans le détail, la presse quotidienne est la plus touchée, enregistrant des baisses de plus de 7%, suivi par les télévisions (-1,5% à – 5,1%) et les réseaux de radios nationaux (-3,9%). Certes, une partie des annonceurs a simplement reporté leur budget sur le Net, qui a encore connu une forte croissance (+18,9%) cette année. Cette hausse est cependant moins importante qu'en 2006 et le Net représente seulement 7% de la pub.
Depuis l'été, la menace d'une récession économique a conduit les annonceurs à faire des coupes dans leurs budgets. Comme à l'accoutumée, celui de la pub a été l'un des premiers sacrifiés. Ainsi, les dix premiers groupes américains ont réduit leurs dépenses publicitaires de 4%, à 17,9 milliards, l'an dernier, la palme revenant à General Motors, avec une baisse de 12%.
Faire dépendre l'information de la seule publicité, c'est risquer de faire disparaître un pilier de la démocratie. Et d'entrer dans l'ère de la seule communication. Mais n'est ce pas le rêve secret des politiques et des multinationales qui nous gouvernent ?