mardi 1 janvier 2008
Bonne année et bons papiers !
Par Nina Perez, journaliste
Amis de la presse libre et indépendante, que 2008 vous redonne la frite ! 2007, l'année où la presse généraliste s'est mise à singer la sarkomania de TF1 et la pipolisation de Paris Match est enterrée, vive 2008 !
Gageons que les leçons de ces derniers mois seront tirées. Et que Christian Salmon, l'auteur de "Storytelling", sera invité dans les grands JT pour faire entendre sa petite musique salutaire.
Dans son dernier ouvrage, le chercheur décrypte la façon dont les politiques endorment l'opinion publique en lui racontant des histoires. Mieux que la météo, mieux qu'une série télévisée, le bon peuple se voit quotidiennement offrir sa " story du jour ".
" Sarkozy, explique Christian Salmon, applique les techniques de contrôle des médias que le Bureau d’information de la Maison-Blanche a mises au point progressivement depuis Reagan, jusqu’à Bill Clinton et George W. Bush. Dick Cheney l’actuel vice-président, l’exprime sans détour : ''Pour avoir une présidence efficace, la Maison-Blanche doit contrôler l’agenda. Si vous laissez faire la presse, ils saccageront votre présidence...'' Dans ce but, à Washington, le pouvoir présidentiel doit chaque jour inventer une histoire, qui capte et focalise l'attention des médias et du public."
Plus efficace que la propagande classique, le storytelling ne cherche pas à modifier les convictions, mais s'adresse à l'émotion publique. " Les citoyens ne sont plus considérés comme des électeurs qui doivent se faire une opinion, mais comme une audience à capter et à conserver. C’est la logique de l’audimat. Avec Nicolas Sarkozy, la nature et le rythme des décisions politiques se soucient désormais moins de cohérence que de rythme, moins d’action que d’une mise en scène du président qui obéit aux règles du suspense."
Face à cette forme de communication particulièrement perverse, la presse d'information doit plus que jamais prendre du recul, approfondir, décrypter, être le réceptacle de la majorité silencieuse. Bref, revenir aux fondamentaux. Au risque de disparaître.
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