La grève des journalistes du Monde n'est ni la première ni la dernière. C'est toute une profession, qui a aujourd'hui le couteau sous la gorge. Individualiste, habituée à être témoin et non acteur des événements, elle n'a pas senti l'étau de reserrer.
Les difficultés économiques, les plans sociaux, la folie des grandeurs de dirigeants sans vergogne, leurs salaires démesurément élevés, la précarisation, le stress, les lendemains incertains ... Tous les sujets, omniprésents dans les pages économiques des quotidiens, concernent désormais directement cette profession, qui n'est certes pas exempte, de critiques (certaine arrogance, connivence, déconnection des soucis des classes populaires, etc.)
Pour la première fois de leur histoire, les salariés du Monde ont donc fait grève aujourd'hui contre le projet de la direction de supprimer 130 emplois au quotidien, dont un quart à la rédaction (85 à 90 journalistes), ainsi que différents titres du groupe, comprenant les mythiques Cahiers du cinéma.
Les journalistes du Monde s'attendaient à des mesures drastiques pour redresser leur titre, confronté à sept exercices consécutifs de pertes et à un lourd endettement, mais ils refusent que les suppressions d'emplois se fassent, comme cela est envisagé, par des départs contraints et exigent l'abandon des projets de cession de magazines (Danser, Les Cahiers ...).
Ces titres n'avaient pas été demandés à être rachetés par Le Monde lors de la "course en avant" orchestrée par l'ex président du Conseil d'administration Alain Minc, l'un des conseillers de Sarkozy (On lui doit la télé publique sans pub ... et sans sous). Pas plus que les salariés du Monde n'avaient souhaité déménager dans les luxueux locaux du bd Blanqui, loués 8 millions d'euros par an.
Les journalistes s'interrogent sur les conséquences de ce plan sur la qualité du Monde, alors que, selon les syndicats, le projet éditorial de la direction "tient en trois phrases" autour du constat que le "lecteur urbain s'intéresse essentiellement à l'économie, à la géopolitique et à l'environnement".
La qualité est aussi au coeur des préoccupations des salariés du groupe catholique Bayard (La Croix, Le Pélerin, Okapi, Pomme d'Api, etc.), dont les effectifs sont passés en quelques mois de plus de 1000 à moins de 900. Plans sociaux et perspectives d'un déménagement à Montrouge (dans des locaux prévus pour à peine plus de 800 salariés) ont conduit à cette fonte des effectifs, " à charge de travail équivalente, et même supérieure, du fait des départs non remplacés et de ce qui est demandé en plus sur le net", précise une déléguée syndicale SNJ.
lundi 14 avril 2008
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