dimanche 10 février 2008

Pourquoi XXI doit cartonner ?

Bonne nouvelle : XXI, le nouveau trimestriel d'information et de grand reportage publié par les Arènes, se vend bien dans les librairies. Il figurait, il y a encore quelques jours, au top 5 des meilleures ventes "Essai" de Libre Hebdo. Malgré son prix (15 euros). Et son volume (200 pages).
Il existerait donc, en France, un bataillon de citoyens capables de débourser une somme rondelette pour plonger dans des reportages pouvant dépasser dix pages et écrits à la première personne du singulier ? Ce n'est pas exclu. Depuis des années, les Etats-Unis se délectent bien des reportages fleuves de The New Yorker, Atlantic Montly ou Vanity Fair, qui font la fierté de la presse américaine.
C'est à un Français, Albert Londres, que se réfère le premier numéro de XXI. "Messieurs, vous apprendrez qu'un reportage ne connaît qu'une ligne, celle du chemin de fer", avait lancé le célèbre grand reporteur, en claquant la porte d'un quotidien qui lui reprochait de ne pas "être dans la ligne". Un journaliste n'a, disait-il, "pas à être pour ou contre, son rôle est de porter la plume dans la plaie". Comme leur illustre confrère, la vingtaine de journalistes, écrivains ou dessinateurs, qui ont participé au numéro un (consacré à la Russie), s'efforcent, par la qualité de l'écriture et de l'image, d'emporter le lecteur dans des univers aussi divers que celui du sulfureux opposant russe Edouard Limonov (par Emmanuel Carrère), de la courageuse (défunte) journaliste Anna Politkovkaïa (Laure Mandeville) ou du philosophe Michel Onfray (Judith Perrignon). Mention spéciale pour le récit en photow de Carl de Keyzer dans d'anciens goulags, transformés en prison. Et palme de l'originalité pour les reportages BD sur les femmes de prisonniers (Stéphane Mercurio) et les clandestins de Gibraltar (Jean-Philippe Stassen).
Sur le plan financier, et par souci d'indépendance, XXI fait le pari risqué du "0 publicité". Ses actionnaires (l'éditeur Laurent Beccaria, le journaliste Patrick de Saint-Exupéry, Gallimard, Flammarion ...) ont besoin de 20.000 lecteurs fidèles pour continuer l'aventure. Et prouver qu'il existe un avenir pour une presse de qualité.

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