David Guiraud doit faire son entrée au Monde demain, en tant que vice-président du directoire. Il réclamait 400 000 euros de salaire (il en gagnait 500 000 en tant que DG aux Echos) pour accomplir sa mission : redresser les comptes du journal ! Mais le représentant de Lagardère (qui espérait grâce à Minc pouvoir prendre le contrôle du Monde avec Prisa) a bataillé contre le niveau du salaire, lequel serait finalement ramené à 300 000 euros.
Loin de s'être transformé en consciencieux gestionnaire, le groupe d'Arnaud Lagardère, "le frère" de Sarkozy, ne veut pas de David Guiraud. Malgré ses prétentions, indécentes par rapport au salaire moyen des Français et à la situation financière du groupe, l'homme jouit d'une bonne réputation. Il pourrait bousculer certaines mauvaises habitudes. Et faire du ménage dans des dépenses somptuaires.
D'après un journaliste syndiqué, Colombani disposait durant son règne de deux voitures avec chauffeur. Une dizaine de cadres dirigeants continueraient à bénéficier de véhicules professionnels. " Alors qu'il y avait, avant l'ère Minc-Colombani-Plenel, trois voitures de fonction pour l'ensemble de la direction. Et que 250 journalistes suffisaient faire Le Monde, contre 340 aujourd'hui. " En digne successeur, Jeantet a versé, avant sa démisson du directoire et son départ pour Sud-Ouest, des primes à plusieurs hauts cadres de l'admistration du journal pour un total qui avoisinerait 300.000 euros. Le plus coûteux restent néanmoins la boulimie d'achats (Midi Libre, Télérama, Les Cahiers du cinéma, etc.) téléguidés par Minc et la folie des grandeurs qu'incarne le nouveau siège du Monde, loué 8 millions d'euros par an à la Deutsche Bank.
Des journalistes du Monde ont tellement la nausée (et peur pour leur entreprise), qu'ils réclament au plus vite la mise en place d'un "plan de redressement". " On est prêt à tout mettre sur la table, y compris les départs volontaires et les RTT, à condition que l'on fasse aussi des sacrifices au niveau de la direction.", assure un journaliste du syndicat SNJ. La fourchette du nombre de départ, qu'envisageait Pierre Jeantet (remplacé par Eric Fottorino), oscillait entre 80 et 150 départs au niveau du groupe (1600 personnes). " Ce plan pourrait prévoir 150 départs sans recapitalisation, et 100 avec recapitalisation", avait précisé Minc.
Une recapitalisation relancerait le débat sur le risque de dilution des pouvoirs de la Société des rédacteurs, et donc de la dépendance du journal, ultime quotidien encore détenu par ses journalistes. Or si Minc est parti la tête haute, en laissant sa place à Louis Schweitzer, ex pdg de Renault, il pourrait bien continuer à jouer aux marionnettes. " Je vous humilierai ", a-t-il lancé il y a quelques jours à Eric Fottorino, qui, en revenant sur sa démission du 19 décembre, a fait échouer ses plans : mettre le Monde dans les mains de l'ami Lagardère et de Prisa, tout en anéantissant les pouvoirs de la Société des rédacteurs, dont Minc est néanmoins parvenu à faire imposer la démission du vaillant Jean-Michel Dumay.
mercredi 20 février 2008
dimanche 10 février 2008
Pourquoi XXI doit cartonner ?
Bonne nouvelle : XXI, le nouveau trimestriel d'information et de grand reportage publié par les Arènes, se vend bien dans les librairies. Il figurait, il y a encore quelques jours, au top 5 des meilleures ventes "Essai" de Libre Hebdo. Malgré son prix (15 euros). Et son volume (200 pages).
Il existerait donc, en France, un bataillon de citoyens capables de débourser une somme rondelette pour plonger dans des reportages pouvant dépasser dix pages et écrits à la première personne du singulier ? Ce n'est pas exclu. Depuis des années, les Etats-Unis se délectent bien des reportages fleuves de The New Yorker, Atlantic Montly ou Vanity Fair, qui font la fierté de la presse américaine.
C'est à un Français, Albert Londres, que se réfère le premier numéro de XXI. "Messieurs, vous apprendrez qu'un reportage ne connaît qu'une ligne, celle du chemin de fer", avait lancé le célèbre grand reporteur, en claquant la porte d'un quotidien qui lui reprochait de ne pas "être dans la ligne". Un journaliste n'a, disait-il, "pas à être pour ou contre, son rôle est de porter la plume dans la plaie". Comme leur illustre confrère, la vingtaine de journalistes, écrivains ou dessinateurs, qui ont participé au numéro un (consacré à la Russie), s'efforcent, par la qualité de l'écriture et de l'image, d'emporter le lecteur dans des univers aussi divers que celui du sulfureux opposant russe Edouard Limonov (par Emmanuel Carrère), de la courageuse (défunte) journaliste Anna Politkovkaïa (Laure Mandeville) ou du philosophe Michel Onfray (Judith Perrignon). Mention spéciale pour le récit en photow de Carl de Keyzer dans d'anciens goulags, transformés en prison. Et palme de l'originalité pour les reportages BD sur les femmes de prisonniers (Stéphane Mercurio) et les clandestins de Gibraltar (Jean-Philippe Stassen).
Sur le plan financier, et par souci d'indépendance, XXI fait le pari risqué du "0 publicité". Ses actionnaires (l'éditeur Laurent Beccaria, le journaliste Patrick de Saint-Exupéry, Gallimard, Flammarion ...) ont besoin de 20.000 lecteurs fidèles pour continuer l'aventure. Et prouver qu'il existe un avenir pour une presse de qualité.
Il existerait donc, en France, un bataillon de citoyens capables de débourser une somme rondelette pour plonger dans des reportages pouvant dépasser dix pages et écrits à la première personne du singulier ? Ce n'est pas exclu. Depuis des années, les Etats-Unis se délectent bien des reportages fleuves de The New Yorker, Atlantic Montly ou Vanity Fair, qui font la fierté de la presse américaine.
C'est à un Français, Albert Londres, que se réfère le premier numéro de XXI. "Messieurs, vous apprendrez qu'un reportage ne connaît qu'une ligne, celle du chemin de fer", avait lancé le célèbre grand reporteur, en claquant la porte d'un quotidien qui lui reprochait de ne pas "être dans la ligne". Un journaliste n'a, disait-il, "pas à être pour ou contre, son rôle est de porter la plume dans la plaie". Comme leur illustre confrère, la vingtaine de journalistes, écrivains ou dessinateurs, qui ont participé au numéro un (consacré à la Russie), s'efforcent, par la qualité de l'écriture et de l'image, d'emporter le lecteur dans des univers aussi divers que celui du sulfureux opposant russe Edouard Limonov (par Emmanuel Carrère), de la courageuse (défunte) journaliste Anna Politkovkaïa (Laure Mandeville) ou du philosophe Michel Onfray (Judith Perrignon). Mention spéciale pour le récit en photow de Carl de Keyzer dans d'anciens goulags, transformés en prison. Et palme de l'originalité pour les reportages BD sur les femmes de prisonniers (Stéphane Mercurio) et les clandestins de Gibraltar (Jean-Philippe Stassen).
Sur le plan financier, et par souci d'indépendance, XXI fait le pari risqué du "0 publicité". Ses actionnaires (l'éditeur Laurent Beccaria, le journaliste Patrick de Saint-Exupéry, Gallimard, Flammarion ...) ont besoin de 20.000 lecteurs fidèles pour continuer l'aventure. Et prouver qu'il existe un avenir pour une presse de qualité.
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dimanche 3 février 2008
20 000 euros, l'interview de Cécilia à L'Est Républicain ?
Sarkozy se rend demain à l'aciérie de Gondrange (Moselle), où ArcelorMittal s'apprête à supprimer plus de 600 emplois. A l'index présidentiel, brillera une alliance. Celle que L'Est Républicain, l'un des deux grands quotidiens lorrains, lui avait mise au doigt quinze jours trop tôt ...
Le 14 janvier dernier, Laïd Sammari, l'auteur de ce vrai faux scoop, affirmait, dans un article mainte fois repris, que Nicolas et Carla se "seraient" mariés à l'Elysée dans la plus stricte intimité le jeudi précédent, selon "une source proche d'un témoin qui aurait assisté à la cérémonie". Un double conditionnel à faire se retourner dans sa tombe Hubert-Beuve-Méry, le fondateur du Monde, qui disait « Le journalisme, c'est le contact et la distance. »
Le pourtant sérieux L'Est Républicain (l'un des rares quotidiens régionaux à encore être doté d'un service de grand reportage) n'en était pas à son premier aveuglement médiatique. Le bond potentiel de ventes (et de reprises par les autres médias), déclenché par un "scoop people", lui avait fait accepter, les 4 septembre et 19 octobre dernier (avant et après le divorce de l'ex couple présidentiel), deux "interviews exclusives" de Cécilia.
L'auteur était un certain Yves Derai, que presque tous les médias ont présenté comme un journaliste de L'Est Républicain. Le souci est qu'absolument personne n'avait jamais entendu parler de lui au sein du dit journal.
D'après des sources internes, Yves Derai aurait téléphoné à L'Est Républicain, comme à d'autres titres, pour proposer l'interview de Cécilia, dont il était devenu un confident. Après l'accord sur le principe, serait venu celui sur le prix. Pierre Taribo, l'ex directeur de l'Est Républicain, aurait accepté de débourser 20.000 euros pour la première interview, puis la même somme pour la seconde, soit 40.000 euros pour les deux, le coût de deux salaires annuels de journalistes débutants à temps plein ...Précisons que ce type de pratiques, si elles ont cours dans la presse people ou en Angleterre, étaient jusqu'ici bannies, pour des raisons éthiques, dans la presse généraliste française. Qu'elles viennent de surcroît d'un journaliste n'a rien de rassurant. Car le dit Yves Derai est bel et bien présenté ainsi. Ex journaliste à TF1, puis directeur de BFM, ce grand reporteur au Nouvel Economiste dirige également la maison d'édition Du Moment. Parmi les ouvrages publiés, on trouve un livre de Borloo, des ouvrages sur Fillon, Villepin, les coulisses de la campagne de Sarkozy, mais surtout Ruptures, fruit des confidences de Cécilia, écrit par Michaël Darmon et Yves Derai.
Le 14 janvier dernier, Laïd Sammari, l'auteur de ce vrai faux scoop, affirmait, dans un article mainte fois repris, que Nicolas et Carla se "seraient" mariés à l'Elysée dans la plus stricte intimité le jeudi précédent, selon "une source proche d'un témoin qui aurait assisté à la cérémonie". Un double conditionnel à faire se retourner dans sa tombe Hubert-Beuve-Méry, le fondateur du Monde, qui disait « Le journalisme, c'est le contact et la distance. »
Le pourtant sérieux L'Est Républicain (l'un des rares quotidiens régionaux à encore être doté d'un service de grand reportage) n'en était pas à son premier aveuglement médiatique. Le bond potentiel de ventes (et de reprises par les autres médias), déclenché par un "scoop people", lui avait fait accepter, les 4 septembre et 19 octobre dernier (avant et après le divorce de l'ex couple présidentiel), deux "interviews exclusives" de Cécilia.
L'auteur était un certain Yves Derai, que presque tous les médias ont présenté comme un journaliste de L'Est Républicain. Le souci est qu'absolument personne n'avait jamais entendu parler de lui au sein du dit journal.
D'après des sources internes, Yves Derai aurait téléphoné à L'Est Républicain, comme à d'autres titres, pour proposer l'interview de Cécilia, dont il était devenu un confident. Après l'accord sur le principe, serait venu celui sur le prix. Pierre Taribo, l'ex directeur de l'Est Républicain, aurait accepté de débourser 20.000 euros pour la première interview, puis la même somme pour la seconde, soit 40.000 euros pour les deux, le coût de deux salaires annuels de journalistes débutants à temps plein ...Précisons que ce type de pratiques, si elles ont cours dans la presse people ou en Angleterre, étaient jusqu'ici bannies, pour des raisons éthiques, dans la presse généraliste française. Qu'elles viennent de surcroît d'un journaliste n'a rien de rassurant. Car le dit Yves Derai est bel et bien présenté ainsi. Ex journaliste à TF1, puis directeur de BFM, ce grand reporteur au Nouvel Economiste dirige également la maison d'édition Du Moment. Parmi les ouvrages publiés, on trouve un livre de Borloo, des ouvrages sur Fillon, Villepin, les coulisses de la campagne de Sarkozy, mais surtout Ruptures, fruit des confidences de Cécilia, écrit par Michaël Darmon et Yves Derai.
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