jeudi 29 novembre 2007

Un pas de plus vers l'horreur médiatique

Gros blues dans les rédactions. Ce que beaucoup de journalistes préssentaient avant l'élection de Sarkozy se confirme. En pire. Un journal, La Tribune, va être vendu pour ... un euro. Bernard Arnault(groupe LVMH), qui a fait passer ses pertes de 17 millions de francs à 17 millions d'euros en 15 ans, s'apprête à s'en séparer pour s'offrir son concurrent Les Echos, jugé plus prestigieux pour faire mousser sa soixantaine de marques, ainsi que les faits et gestes de son ami Sarkozy, dont il fut le témoin de mariage.
Autres amis de l'Elysée, le directeur de la rédaction du "Figaro" Nicolas Beytout (sa nomination a même été annoncée par Sarkozy) dirigera le nouveau pôle médias de LVMH, tandis qu'Etienne Mougeotte, ancien vice-président de TF1, le remplacera. Selon la rumeur, LVMH lorgnerait aussi sur TF1 et le Financial Times, journal européen de référence, aujourd'hui très critique sur la politique de Sarkozy en matière économique. Rappelons que parmi les autres meilleurs amis de l'Elysée, figurent Arnaud Lagardère (Journal du Dimanche, Paris Match ...), Martin Bouygues (TF1, LCI ...), Vincent Bolloré (Direct Plus, Direct Soir ...), Alain Minc (Le Monde), etc.
Malgré les cris d'alertes des journalistes directement concernés, ce rabattement des cartes médiatiques s'opère dans l'indifférence générale. Peu de chance que TF1, France 2 ou Europe 1, chaînes amies, ne fassent les gros titres sur les conflits d'intérêt et problèmes d'indépendance de la presse ainsi posés.
Quant aux services de communication de l'Elysée et des principaux ministères, ils ont une même priorité : montrer des images de leurs patrons, accompagnés d'un minimum de commentaires, dans les journaux les plus lus ou regardés par les Français (Paris Match, TF1...). Pour le reste de la presse : service minimum. Qui lit encore des journaux ? Des intellos, des gauchistes, des cultureux ...
Rarement autant de journalistes se sont faits ainsi tirer les oreilles par les services de presse d'un ministère pour un article jugé défavorable à leur boss. Avec des "sanctions" immédiates : plus d'invitation au Quai d'Orsay lors de passage de ministres étrangers, plus de conférence ou voyage de presse de l'Elysée, plus de rappel téléphonique quand un journaliste demande à avoir un détail ou à confirmer une information d'urgence avant de boucler un article ...
Pendant ce temps, la vulgarité et le clientélisme continuent. Un Président qui s'exprime comme un charretier, une ministre qui s'invente des diplômes, des cessations de poursuites pour les amis, la dépénalisation du droit pénal pour les patrons voyous, des réductions d'impôts pour ceux qui en ont le moins besoin ... Mieux vaut, dans un tel contexte, tenter de controler les médias pour que certaines informations ne sortent pas ou, alors, accompagnées d'un commentaire explicatif à la sauce élyséenne.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

quel bonheur de lire un tel article ...ce qui se passe est litteralement ca-ta-stro-phique- pour un pays comme la France, symbole des libertés et en particulier celle de l'expression. A cet article je voulais ajouter que comme par hasard le journaliste J-F khan patron de Marianne a annoncé sa retraite .....