Par Nina Perez
Non content de compter parmi ses amis de nombreux patrons de presse (Lagardère, Arnaud...) et de télévision (Bouygues, Bolloré ...), Nicolas veut remettre de l'ORTF chez la pourtant peu impertinente France Télévision et rêve déjà d'un autre chantier médiatique : s'attaquer au trop libre et irrévérencieux Internet.
La voix judiciaire est l'un des moyens de pression possible, comme le montre l'exemple de rue89. Mercredi matin, les avocats de France3 ont effet adressé un courrier comminatoire à Rue89 pour exiger que leur soient révélées les conditions dans lesquelles le site s'est procuré la vidéo de Nicolas Sarkozy sur le plateau de France3. Celle-ci le montre mal à l'aise, il y menace un salarié qui ne l'avait pas salué ("ça va changer !") et réclame que lui soit posé une question sur la fusillade de Carcassonne.
La vidéo, enregistrée de façon pirate avant le direct, a été visionnée par plus d'un million d'internautes, tous sites confondus et à travers le monde, en 24 heures. Le courrier des avocats exige que soit retirée cette vidéo du site et que soit détruit le document en question." Du jamais vu: un média qui menace un autre média de procès pour révéler ses sources! ", résume Pierre Haski, ex de Libé et fondateur de rue89.
" Généralement, c'est l'Etat qui initie ce genre de démarches qui suscitent la plupart du temps, et à juste titre, des protestations des organisations professionnelles de journalistes. Lorsqu'un média effectue à son tour de telles démarches inquisitrices, on ne peut que s'inquiéter ", ajoute-t-il.
Plusieurs interprétations sont possibles. L'Elysée aurait pu demander à France 3 de tout faire pour retrouver les auteurs et cesser la diffusion de la vidéo. Il est aussi possible que France 3 anticipe les attentes du chef de l'Etat, en pleine discussion sur le financement de la télévision publique. Pour rue89, France3 est soumis, dans ce cadre, à d'intenses pressions de l'UMP et de l'Elysée. Et " reporte clairement cette pression sur Rue89 ".
Quoi qu'il en soit, Internet fascine et inquiète l'Elysée. Une personne est même exclusivement payée pour collecter tout ce qui se dit sur la toile sur Nicolas Sarkozy et son gouvernement. Un article de "Coulisses médiatiques", sur la cocasse conférence de presse hebdomadaire chez Rachida Dati (20 novembre 2007), a même eu l'honneur d'un coup de fil. Malheureusement, le journaliste appelé n'était pas le bon.
jeudi 3 juillet 2008
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