L'AFP est à la fois la meilleure amie et la pire ennemie du journaliste. Les dépêches de l'agence, qui arrivent en permanence sur les écrans des rédactions abonnées, rendent de grands services. Elles alertent de la survenance d'un événement, de l'évolution d'une actualité ou de la réaction de tel groupement face à une actualité. Ces informations sont généralement vérifiées et recoupées par les journalistes de l'AFP, considérée comme l'une des meilleures agence de presse du monde avec l'américaine Reuters.
Cette crédibilité est un atout. Il permet, le matin, de préparer le contenu du journal, et, de le faire évoluer au fil de la journée. Le journaliste, qui se doit de mener l'enquête de son côté, pourra compléter son papier, au moment du bouclage, avec des informations récentes obtenues par l'AFP. Politiques, associations, ONG, entreprises, syndicats ... connaissent le " système médiatique " et savent qu'il est beaucoup plus efficace de contacter d'abord l'AFP pour faire part d'une information, plutôt que les différentes rédactions.
Si l'AFP choisit de diffuser l'information (qu'elle a donc distingué d'une communication, n'apportant rien au débat), celle-ci est en quelque sorte "adoubée". Les chefs de service et rédacteurs en chef des différentes rédactions la considèrent comme digne d'intérêt, quitte à mettre en doute ou ne pas entendre les réserves de leurs propres journalistes. Quel envoyé spécial ou correspondant régional n'en a pas fait l'expérience ? Sur le terrain, il a récolté de nombreux témoignages, qui lui ont donné l'idée de reportages et d'angles originaux. Exalté, il téléphone à son chef de service, resté, le nez collé à son écran. Et que s'entend-il répondre ? " En regardant les dépêches, j'avais pensé à d'autres sujets, comme ... "
Autre source de conflit : l'intégration, par le chef de service, de copier-coller de dépêche dans les articles de ses journalistes. Au motif qu'il fallait la toute dernière information. Si celle-ci était essentielle, d'accord. Sinon, cela méritait-il de casser le rythme d'un reportage ou d'enlever des éléments de compréhension ou d'analyse à une enquête ? A l'heure d'internet et de l'immédiateté de l'information, cette utilisation faite de l'AFP amplifie l'impression d'uniformisation des médias. Or, la presse écrite est morte si elle n'apporte pas de plus-value (décryptage, reportage, mise en perspective ...) par rapport aux médias chauds, que sont l'audio-visuel et l'internet.
jeudi 29 mai 2008
mardi 27 mai 2008
The Sarkoshow must go on !
Il n'y aura pas de décompte du temps de parole du Chef de l'État à la télévision ou à la radio. La majorité UMP a rejeté (à 111 voix contre 57) la proposition de loi socialiste demandant la comptabilisation du temps de parole du président de la République et de ses collaborateurs dans les médias audiovisuels, afin de " garantir le pluralisme du temps de parole dans les médias audiovisuels ". Une telle demande avait déjà été refusée par le CSA, présidé par Michel Boyon, ami de 30 ans de Raffarin.
Le décompte du temps de parole du CSA reste donc régi par la vieille règle des trois tiers (opposition parlementaire / majorité parlementaire / exécutif), dont est exclu l'omniprésident. Avant lui, la parole présidentielle était rare. Mis à part pour Chirac lors du référendum sur la Constitution européenne, personne n'avait jugé bon de remettre en cause cette règle.
Dans une récente enquête, l'INA a comptabilisé 224 passages présidentiels aux JT de TF1 et France 2 de mai à août 2007. A titre de comparaison, Jacques Chirac, sur la même période en 1995, n'était apparu qu'à... 94 reprises. "Aujourd'hui, l'expression en faveur de l'UMP, président de la République et collaborateurs compris, a augmenté de 256 % sur TF1 et 196 % sur France 2 ", dénonce le député PS Arnaud de Montebourg, citant des chiffres du CSA. Les socialistes sont "inaudibles" car ils sont "au pain sec et à l'eau médiatiques", en concluait-il dans un entretien au Journal du Dimanche.
Reste que la surmédiatisation de l'Hôte de l'Elysée, qui a d'ailleurs provoqué sa chute dans les sondages, gêne aussi à droite. Parmi les propositions de la commission Balladur figurait la comptabilisation du temps de parole du président de la République dans le tiers accordé à l’exécutif. Par ailleurs, près du tiers des députés UMP présents (57 sur 168) n'ont pas rejeté la proposition socialiste.
Outre une question de légitimité médiatique, le temps d'antenne n'étant pas extensif (et Sarko faisant souvent la une des JT, avec un sujet pouvant durer 10 mn), une telle prise en compte aurait eu la vertu de rassurer les journalistes et les téléspectateurs de France Télévision, sur les intentions de l'Elysée à leur égard. Pour l'heure, si la disparition de la publicité a été planifiée dans le temps, la commission Copé n'a toujours pas trouvé de sources de financement crédibles. Proposera-t-elle une hausse de la redevance, ainsi que du temps d'antenne (infini, donc) de Sarkozy ?
Le décompte du temps de parole du CSA reste donc régi par la vieille règle des trois tiers (opposition parlementaire / majorité parlementaire / exécutif), dont est exclu l'omniprésident. Avant lui, la parole présidentielle était rare. Mis à part pour Chirac lors du référendum sur la Constitution européenne, personne n'avait jugé bon de remettre en cause cette règle.
Dans une récente enquête, l'INA a comptabilisé 224 passages présidentiels aux JT de TF1 et France 2 de mai à août 2007. A titre de comparaison, Jacques Chirac, sur la même période en 1995, n'était apparu qu'à... 94 reprises. "Aujourd'hui, l'expression en faveur de l'UMP, président de la République et collaborateurs compris, a augmenté de 256 % sur TF1 et 196 % sur France 2 ", dénonce le député PS Arnaud de Montebourg, citant des chiffres du CSA. Les socialistes sont "inaudibles" car ils sont "au pain sec et à l'eau médiatiques", en concluait-il dans un entretien au Journal du Dimanche.
Reste que la surmédiatisation de l'Hôte de l'Elysée, qui a d'ailleurs provoqué sa chute dans les sondages, gêne aussi à droite. Parmi les propositions de la commission Balladur figurait la comptabilisation du temps de parole du président de la République dans le tiers accordé à l’exécutif. Par ailleurs, près du tiers des députés UMP présents (57 sur 168) n'ont pas rejeté la proposition socialiste.
Outre une question de légitimité médiatique, le temps d'antenne n'étant pas extensif (et Sarko faisant souvent la une des JT, avec un sujet pouvant durer 10 mn), une telle prise en compte aurait eu la vertu de rassurer les journalistes et les téléspectateurs de France Télévision, sur les intentions de l'Elysée à leur égard. Pour l'heure, si la disparition de la publicité a été planifiée dans le temps, la commission Copé n'a toujours pas trouvé de sources de financement crédibles. Proposera-t-elle une hausse de la redevance, ainsi que du temps d'antenne (infini, donc) de Sarkozy ?
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